« Leave the Kids Alone » messages : 40 points : 15 anniversaire : 21/12/1993 inscription : 02/03/2015 age : 30 orientation sexuelle : Hétérote profession : Bibliothécaire
| Mer 18 Mar - 12:31 | |
| La période du déjeuner est bientôt terminée. Il me reste environ une vingtaine de minutes avant que je ne doive rouvrir ma bibliothèque. Selon moi, et c'est seulement basé sur ma propre opinion, c'est en quelque sorte une étape inutile, puisque pour la prochaine heure, il n'y aura personne qui viendra flâner entre les rangées regorgeant de bouquins, tous prêts à être lus par des lecteurs hors-pair. Les étudiants seront dans leurs classes ou dans l'établissement pour apprendre ou se divertir autre que par la lecture. Une partie des professeurs sera en train d'enseigner et l'autre partie se retrouvera dans la salle des profs en train de préparer leurs prochaines leçons ou de corriger des travaux. Le reste du personnel du pensionnat sera occupé à remplir des documents et à rester au moins une heure dans leur salle pour toute éventualité. C'est toujours comme cela. Depuis mon entrée dans cet établissement, c'est du pareil au même à chaque jour. Ce n'est pas quelque chose de mal en tant que tel. Si je dois regarder ça d'un bon œil, je peux me dire qu'au moins, pendant cette heure, je peux m'avancer comme je le désire dans ma lecture. D'ailleurs, le roman que je lis, ces temps-ci, est excellent. Rien de mieux qu'un bon roman suspense avec le phénomène « page turner » pour captiver mon attention et combler ma journée! Je repense au dernier chapitre tout en quittant l'aire extérieure conçue pour les heures de repas. En ma possession j'ai des tonnes de rapports concernant des retards et des bris de livres. De plus, j'ai acheté, malgré moi, une de ces bouteilles d'eau de grand format qui prend une éternité à terminer, sauf si la personne est une consommatrice extrême d'eau. Hm.
Bref, trêves de rêveries de la sorte, je me dirige tranquillement vers mon lieu de travail. Tout en marchant, j'ai toujours en tête l'histoire de mon roman qui me revient sans cesse à l'esprit. Je me demande fortement ce que la personnage principale découvrira derrière la porte qui menait au donjon secret du manoir dans lequel son investigation s'est transportée. Je suis certaine que ce n'est pas les cadavres du suspect, mais plutôt le suspect lui-même, frigorifié, une arme à la main et…oups. Je devrais faire plus attention vers où je vais; j'ai failli foncer dans quelqu'un qui traversait le couloir à sens inverse. Je m'excuse tout en hochant d'une fois de la tête et je reprend ma promenade. Encore un fond de corridor à franchir, puis une porte tout au bout menant aux escaliers et hop, je serai arrivée à la bibliothèque au deuxième étage. Parfait. Je regarde par l'une des grandes fenêtres qui illuminent les murs et mes pensées se retournent encore vers mon livre. Je me suis tellement retenue pour ne pas l'apporter pendant mon heure de lunch; je n'aurais pas été très polie envers mes collègues de travail. Ah, mais…que j'ai hâte de découvrir ce qu'il y a derrière cette fichue…
…Porte.
Justement, en me posant la question, je m'accroche sur une porte semi-ouverte d'une manière si maladroite et si idiote que c'en est exceptionnel. Ce n'est pas un trait de ma personnalité habituellement. Mais bon. Une douleur apparaît dans mon bras que j'ai accroché et, sous l'effet de la surprise et de l'incompréhension et de tout ce qu'on pourrait penser, je…je…laisse tout tomber. Ma bouteille d'eau non fermée par le bouchon. Mes feuilles, cachées dans un porte-document, désormais tout envolées et atterrissant bien sagement tout près de l'immense flaque d'eau que j'ai créé. Oh. Non. Ooooh non. Il faut que je nettoie ça et au plus vite! Je ne dois pas perdre ces feuilles! Je me suis tellement avancée dans le remplissage de celles-ci, je ne veux pas perdre tout ce temps que j'ai utilisé! Je me redresse et je regarde partout, tentant de conserver mon calme et de trouver un lieu où du papier essuie-tout ou des serviettes s'y trouveraient. Puis, je m'arrête dans ma recherche effrénée. Je baisse un peu les yeux et je croise le regard d'une jeune fille. Elle est tout juste devant la flaque. Elle est en fauteuil roulant. Je…je crois qu'elle a besoin de…de passer…J'essaye de garder tout mon calme et je jette un coup d'œil sur mes feuilles. Pour l'instant, l'eau n'a pas encore réussi à les frôler. Tant mieux. J'observe l'adolescente et je déclare:
- Je suis vraiment désolée…crois-tu qu'il y a un autre moyen, un autre endroit, pour toi, pour te rendre à ta…destination?
Qu'elle dise oui, qu'elle dise oui, qu'elle dise oui. Sinon, je devrai vite réagir. |
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